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Ma petite Nature
4 septembre 2011

Quand je serais grande, je serais infirmière!

(1er message d'une nouvelle catégorie, où je viendrais raconter quelques épisodes pour les copines étudiantes, les curieux de ce monde...)

C'est même pas vrai d'abord...

Enfin si, lorsque j'étais petite, que ma maman était ma star à moi, infirmière, j'avais 4 ans, et je disais à cette question "qu'est-ce que tu voudras faire quand tu seras grande?"...

-fermière, comme maman! et pis maitresse et fée...

Pour la fée, c'est pas gagné...la maitresse à part celle de mon amant c'est carrément raté...et sinon pour la fermière...j'ai un chat mais pas de vache ou de poule...mais en fait je voulais dire "INFIRMIERE"...si si promis!

Ben oui quand on est petit, nos parents sont de supers héros, et moi c'était ma maman mon héroïne...je jalousais à mort les enfants dont ma maman s'occupait, mais lorsqu'elle m'emmenait à son travail, je sentais que ce qu'elle faisait était important...et çà me semblait un métier très très important, le genre de travail presque aussi important que président de la république!...çà donne une idée...

en grandissant j'ai fait une croix (définitive je croyais alors) sur ce métier, parce qu'en tant qu'enfant j'ai eu l'envers du décor, les soirs sans elle, les we sans elle, et puis maman s'impliquait plus qu'il n'aurait fallu, elle y a laissé des plumes, ici et ailleurs...

mais son rêve à elle c'était d'être journaliste internationale, et elle me lançait des fois l'air de rien "et pourquoi pas l'école de journalisme, tu aimes bien écrire, tu aimes la littérature, tu t'intéresses au monde et aux autres...et puis tu voyagerais, çà serait formidable, moi..."

mais courrir le monde sans avoir d'attache, de famille, de repère, c'était tout sauf moi...

au contraire d'elle, j'ai ce besoin d'attache, de repère, d'avoir mon monde à moi, même si le monde au loin m'intéresse et me rend curieuse...mais ce n'est pas ma toute 1ère priorité...peut-être parcequ'elle m'a tant manqué " à cause de son travail" aux horaires décalés, à l'implication excessive où elle ramenait les histoires d'enfants maltraités ou orphelins, et gardait plusieurs jours et semaines dans ses yeux leur douleur...j'ai appris plus tard que maman était de ces êtres si fragiles qu'ils ressentent tout démultiplié, qu'ils ne savent pas se protéger des autres, et portent des soufrances lointaines sans cesse ravivées...ce métier n'était pas du tout fait pour elle...mais on lui avait appris enfant qu'il fallait donner, se donner aux autres, panser la soufrance des autres, s'oublier pour les autres...merci la religion!

moi j'ai besoin d'être là, vers mes enfants d'abord, d'avoir vu leurs 1ers pas, entendu leurs 1ers mots, avoir été là pour les 1ers bleus et 1ers drames, j'avais besoin de me nourrir de leur enfance...et c'est une chose qui m'a apaisé, m'a aidé à grandir, vivre, savoir qui je suis...c'est comme çà...on comprend ou pas. J'ai cette certitude. D'ailleurs en faisant du nettoyage sur ce blog, j'ai retrouvé tous ces souvenirs, cet album de notre vie...et j'adore çà!...je l'ai vécu, et c'est chouette!

Moi au contraire, je suis forte, et sensible aussi, mais je sais faire la différence entre moi et l'autre, sa douleur n'est pas la mienne, sa peine ne me concerne pas, je peux être touchée mais pas concernée...je l'entends, je l'écoute, j'essaie de la comprendre, mais je sais que nous avons tous notre vie, avec ses joies et ses peines, son histoire propre...

Avoir la chance d'être infirmière, c'est être un soignant du corps, un soignant de l'âme parfois...on est juste comme un caillou, une pierre sur le chemin de ceux qu'on va rencontrer...on essaiera de les aider, d'avoir les gestes et paroles aidantes, appropriées pour aider la personne en détresse à aller un peu mieux, et si possible trouver en elle ses propres ressources, mais rien d'autre...juste un passeur qui soutient, rassure, apaise, accompagne, soigne, mais rien d'autre...on n'a pas de baguette magique...hélas...ou pas d'ailleurs...c'est ainsi.

devenir infirmière c'est pour moi tout cela, je me reconnais en cette définition, parceque j'ai été auxiliaire de vie scolaire avant, accompagnant des enfants handicapés à appréhender le monde "normal" des autres enfants avec leurs handicaps, les aider à trouver les clés pour tenir debout, apprendre comme les autres, à leur rythme, mais pas moins bien...la révélation s'est faite par ce chemin détourné...je ne voulais pas devenir infirmière, pas comme maman...non pour moi d'abord, et pour mes filles ensuite...quelle vie je leur donnerais alors...l'absence des week-ends...et cette implication de soi si prégnante...

Finalement en septembre dernier, à mes 1ers jours passés sur ces sièges de bois inconfortables dans l'amphi de l'IFSI, où je suis arrivée incertaine, et avec en tête de tenir au moins la 1ère année pour avoir au moins le statut d'aide-soignante...j'ai compris, que je parlais ce même langage depuis des années, j'étais à ma place...les cours d'humanisme, de prendre soin, de respect de l'autre, de la vie, quelle quelle soit...j'étais là où je devais être!

J'ai eu peur de mes 1ers stages, et passé les 2 1ères semaines, je me sentais à l'aise, je n'avais plus envie de partir...j'avais peur de mes propres émotions...serais-je dégouttée? serais-je capable de voir la nudité de l'autre, de le laver, de passer outre mon propre regard? serais-je capable de supporter la douleur de l'autre?...tant de questions...qui ont trouvé des réponses pour certaines, et pour d'autres où je sais que l'expérience et le temps seront importants...

J'aime ce que j'apprends, ce que je fais, ce que je ferais...je ne m'y attendais pas, mais la vie est riche d'inattendus et de surprises, et tant mieux!...

Il ne faut jamais dire jamais...

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